C’est au moment de l’embryogenèse (12 premières semaines de
grossesse) que le risque tératogène d’un médicament est maximal.
La majorité des médicaments traverse la barrière fœtoplacentaire de
façon plus ou moins importante.
ANTIBIOTIQUES
La plupart passent la barrière fœtoplacentaire ; certains sont contre-
indiqués en raison des risques fœtaux : dyschromies dentaires avec
les tétracyclines qui s’accumulent dans les os et les dents ; fentes
palatines avec l’association triméthoprime-sulfaméthoxazole
(Bactrimt) ; risques de malformations osseuses avec les quinolones.
Les bêtalactamines (pénicillines et céphalosporines) et les macrolides
n’ont pas de toxicité fœtale.
ANTIFUNGIQUES
Les mycoses buccales sont traitées en première intention par des
antifongiques utilisés par voie topique : amphotéricine B
(Fungizonet), nystatine (Mycostatinet), myconazole (Daktarint).
Ces produits ne sont pas absorbés par la muqueuse digestive et sont
sans risque pour le fœtus. Les antifungiques à action systémique,
fluconazole (Triflucant) et kétoconazole (Nizoralt), sont
contre-indiqués.
ANTIVIRAUX
Aucun effet tératogène n’a été jusqu’à présent rapporté avec
l’aciclovir (Zoviraxt). De même, il n’a pas été rapporté de toxicité
fœtale ou de tératogénicité avec les traitements antirétroviraux, ainsi
que les antiprotéases utilisés dans le traitement de l’infection à VIH
chez la femme enceinte [7]
.
ANTALGIQUES ET ANTI-INFLAMMATOIRES
Le paracétamol est l’antalgique de choix pendant la grossesse ; en
revanche, l’utilisation de l’acide acétylsalicylique est discutable dans
la période de pré-partum, car il peut être responsable d’un
allongement du travail, d’hémorragies placentaires et néonatales.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont déconseillés pendant
toute la durée de la grossesse en raison d’un risque de fermeture du
canal artériel.
La corticothérapie générale n’est pas contre-indiquée au cours de la
grossesse ; elle impose les précautions d’emploi habituelles. Elle n’a
pas de retentissement sur la fonction corticosurrénale du fœtus. À
doses élevées, elle expose la mère au risque d’hyperglycémie et de
rupture prématurée des membranes avec accouchement prématuré.
La corticothérapie topique fréquemment utilisée en stomatologie
(lichen plan, aphtoses) peut par conséquent être utilisée.
ANESTHÉSIQUES
Il est recommandé d’utiliser des produits non adrénalinés, surtout
lors du premier trimestre, afin d’éviter des vasoconstrictions qui
pourraient être responsables de contractions utérines et
d’avortement.
THALIDOMIDE
Il faut rappeler la contre-indication absolue de prescrire cette
molécule, parfois utilisée en stomatologie (aphtoses buccales géantes
ou sévères récidivantes), chez une femme, sans une contraception
rigoureuse et efficace. Utilisée au cours de la grossesse, elle expose à
un risque majeur de phocomélies. Une grossesse survenant en cours
de traitement impose son interruption thérapeutique, la femme
ayant été avertie de cette éventualité avant de débuter le traitement
avec consentement signé.
RÉTINOÏDES GÉNÉRAUX ET LOCAUX
Les dérivés de la vitamine A acide utilisés par voie générale sont
formellement contre-indiqués lors de la grossesse, faisant courir le
risque de fœtopathies. Une exposition accidentelle au traitement
pendant une grossesse impose une interruption thérapeutique. Ils
ont certaines indications en pathologie buccale en applications
topiques (leucoplasies, lichen plan dans sa forme kératosique, langue
noire villeuse). Le passage systémique infime de ces traitements
topiques peut faire courir le risque d’un passage transplacentaire de
ces molécules qui sont à proscrire pendant la grossesse.
EXAMENS RADIOLOGIQUES
Des clichés radiographiques sont parfois nécessaires avant un
traitement dentaire. L’irradiation secondaire à la réalisation de
radiographies endo- ou exobuccales est très faible, inférieure aux
doses tératogènes ; de plus, la source est éloignée du bassin. Il n’y a
donc pas de contre-indication à effectuer ces clichés et l’utilisation
d’un tablier de plomb relève plus d’une précaution médicolégale
que médicale. L’iode utilisée notamment dans les produits de
contraste en radiologie est fœtotoxique, donc formellement contre-
indiquée pendant la grossesse.